16 Sep Mariam Sow
L’agroécologie, on la vit et voilà !
Très chères amies Michelle, Colette et mes chers enfants Benoît et madame, Patrick et tous les enfants de Hugues, c’est hier au moment où j’écrivais le chapitre sur la formation en agroécologie de 1994, un atelier organisé par Enda Pronat, Enda Graf Sahel et Terres et Vie qui a duré un mois entre 3 différentes zones écologiques du Sénégal, Sob, dans la région de Kaolack, la Zone des Niayes et Fandène dans la région de Thiès.
Je me souvenais des moments forts avec cet amoureux de l’agriculture africaine. Je revivais les moments très forts et des propos de mon cher ami Dupriez lors de cet atelier international en écrivant ce chapitre.
Je le cite : « Mariam, tu vas être ma complice en changeant tout le dispositif des chaises et tu as vu ils se sont positionnés comme des élèves qui attendent leur professeur. Nous allons remettre les chaises en circulaire et faire rentrer les 60 paysannes et paysans venus des différentes régions du Sénégal et les 20 techniciens venus de toute l’Afrique ».
Et ces derniers ripostaient pour dire qu’ils ne peuvent pas apprendre avec les paysans car, ils ne sont pas du même niveau. « Et d’ailleurs nous voulons la définition de l’agroécologie. »
Avec sa pédagogie où les terroirs étaient les livres, les arbres à palabres des villages servaient de salle de cours, des maquettes ont servi de rapports où chaque rapporteur.e avait son bâton à la main pour lire sa maquette, les travaux de groupes ont permis aux paysannes/paysans de participer de manière égalitaire avec les techniciens et instaurer une écoute mutuelle entre tous les participants de l’atelier, paysans techniciens.
Le succès de notre grand animateur Hugues Dupriez a été la reconnaissance des techniciens au monde paysan et d’accepter qu’ils ont beaucoup appris des paysannes et paysans plus qu’ils n’ont données.
Une certaine familiarité naquis entre eux et chacun pleurera de la séparation de son côté. C’est au moment de la clôture que Hugues a rappelé la première question des techniciens au premier jour de l’atelier avec sa grande voix et ses paroles qui sortent du fond de son cœur et je le cite : « Chers amis techniciens, agronomes, animateurs et autres scientifiques parmi nous, le premier jour vous m’avez demandé de vous donner la définition de l’agro-écologie ; vous venez de la vivre avec les communautés paysannes que vous accompagnez dans vos pays respectifs.
L’agro-écologie, on la vit et voilà ! Un mois durant, vous avez visité et fait la lecture des différents terroirs avec ses habitants, vous avez analysé ensemble le passé de ces terroirs leurs situations actuelles et les causes de ces changements et proposé des solutions justes et équitables pour les générations futures. Personnes ne peut définir l’agro-écologie à la place des habitants de la communauté. Il faut retenir que l’agro-écologie est un projet sociétal. »
Ce cours de formation et plusieurs autres ateliers conduits au Sénégal, au Burkina et au Tchad où j’étais toujours à côté de Hugues et j’avais toujours à répéter Hugues plusieurs fois à l’animation et la traduction du français en langues locales avec le wolof et le pulaar qui est une langue de toutes la région.
Ma proximité à Hugues est une des causes principales qui a renforcé le déclic de Enda Pronat vers Pronat action.
Donc mes condoléances les plus sincères à toutes sa famille aux amis communs: Djibril Coura, du Burkina, Mamadou Goïta du Mali, Sylvain Mapatano du Congo, Hugues Deboslter, Thierry Carton de Bruxelles, Hélène et Sophie qui m’ont toujours donné les opportunités de voir mon ami à chaque fois que je suis à Bruxelles.
Repose en paix mon cher ami, que la terre de la Belgique te soit légère.