Parfait SAKA

Témoignage de Parfait SAKA, Coordonnateur de Diobass, Ecologie et Société/Plate forme du Burkina Faso.

Hugues, c’était qui ? Un père, un frère, un ami, un protecteur. Toujours là à défendre ses amis et son équipe de travail, à les accompagner. C’était un homme de principe, un homme qui ne laissait personne indifférent. C’était un homme indépendant, un libre penseur, un scientifique, un photographe, un écrivain talentueux, un artiste.

Hugues était un homme complet, plein d’énergie qui bougeait beaucoup, qui voyageais beaucoup. Il était dans les villages, dans les champs, dans les collines. C’est d’ailleurs pourquoi tout au long de sa vie et lors des ateliers, il professait ceci « poussière aux pieds vaut mieux que poussière aux derrières ». Il faut bouger aller à la rencontre des problèmes, « il faut fatiguer les problèmes ».

Hugues était porteur de l’idée qu’il faut décloisonner les relations entre le monde des techniciens et celui des paysans. Il n’y a pas un groupe de savants et un autre d’ignorants. C’est pourquoi, il s’est battu pour l’idée de la socialisation des connaissances de tous les acteurs. Dans ce travail, il a encouragé Diobass à devenir « le poil à gratter des institutions classiques », C’est à dire une organisation qui questionne et qui pousse non pas à encadrer mais à conseiller les paysans, à répondre surtout aux questions qu’ils se posent.

Hugues a par ailleurs beaucoup défendu l’idée du paysan chercheur. Avec Diobass Burkina et Kivu nous avons construit une approche de recherche action paysanne. Cette démarche a permis de déclencher une réelle prise de conscience sur les capacités des paysans à se prendre en charge. Pour certains comme à Gomponsom, Diobass a tout simplement enclenché une révolution dans la prise de conscience du monde paysan dans les années 1994 à 2000.

Hugues a donc contribué grandement au réveil du monde paysan dans le paysage institutionnel Burkinabè. Aujourd’hui on ne peut pas parler d’innovations au Burkina sans parler d’experts et d’innovateurs paysans issus du réseau Diobass.

Hugues nous a quitté le 29 octobre dernier après nous avoir aidé à faire une médiation dans la crise qu’a connu Diobass et nous a encouragé à reprendre la direction de la Coordination Diobass. Nous avons perdu un grand homme, un père spirituel, un père tout court que nous ne cesserons de pleurer. C’est avec détermination que nous prenons l’engagement ferme de continuer ce que nous avons construit ensemble.

Hugues repose en paix et Que la terre de la Belgique te soit légère.

Merci.